Ça va faire un peu plus d’un mois que je suis confinée (on dit distanciation sociale ici) à mon domicile. Le 13 Mars, c’était un vendredi d’ailleurs, j’ai reçu un mail de la commission scolaire de Montréal m’expliquant que l’école de Mam’zelle G était fermée pour la journée. J’ai la chance d’avoir un emploi qui me permet de travailler de la maison si besoin. Je n’ai donc pas été plus inquiète que ça. J’étais loin de me douter qu’un mois plus tard, je serais encore à mon domicile, confinée avec les miens. Je suis plutôt casanière de nature. Je n’aime pas sortir.
Mon canapé est mon meilleur ami. En un mois, je ne suis sortie que quelques fois et c’est vraiment parce que je n’avais plus de papier toilette pas d’autres choix. Ma famille me demande souvent comment se passe le confinement à Montréal. Notre quotidien est chamboulé comme celui de beaucoup de gens à travers le monde.
Travail…
Comme je le disais plus haut, je travaille de la maison depuis plus d’un mois. Travailler de la maison est une chose assez courante dans mon domaine et dans les entreprises pour lesquelles j’ai travaillé jusque-là. Ce n’est pas mal vu et personne ne va sous-entendre que tu ne fous rien parce que tu es à la maison on te fait confiance. Quelques jours avant que le confinement ne soit imposé par l’état, l’entreprise dans laquelle je travaille nous avait encouragé à rester à la maison. On est correctement équipés et les outils sont fournis pour qu’on puisse télétravailler. On a même reçu un mail nous demandant d’être indulgents et d’avoir de l’empathie car tout le monde n’a pas de bureau ou d’espace dédié pour travailler. Ils insistaient sur le fait que ce n’était pas grave si un enfant ou un animal domestique faisait éruption pendant un appel conférence et nous encourageaient à ne pas en faire tout un fromage. Mes collègues organisent des Happy Hours virtuels tous les vendredis, on est assis devant sa webcam avec son verre pour maintenir un semblant de lien social.
Je suis bien consciente d’être privilégiée. J’ai des proches qui ont perdu leur emploi, qui doivent pointer au chômage et d’autres qui doivent continuer à se rendre sur leur lieu de travail en ayant peur pour leur santé.
Vie Scolaire …
Les écoles sont fermées depuis le 13 mars et ce au moins jusqu’au 4 mai. Les examens du ministère sont annulés et le passage en classe supérieur se fera sur décision du professeur. Ce dernier a la lourde de tâche de prendre une décision en se basant entre autres sur les quelques évaluations qu’il y a eu en classe. C’est une besogne que je ne leur envie absolument pas tant ça doit être difficile. J’ai aussi reçu du matériel pour faire travailler Mam’zelle G à la maison. J’aimerais vous dire que je fais l’école à la maison, mais ce serait de la mythomanie pure et simple serait un tant soit peu exagéré. Je travaille et je n’ai malheureusement pas le temps (ni l’envie) de faire l’école. Je le vis très bien et elle aussi. Je préfère passer mon temps libre à faire des trucs funs avec elle. Je ne sais pas si j’aurais encore l’occasion de juste me poser sans pression pour passer du temps avec elle. Alors on en profite pleinement toutes les 2.
J’ai moi-même repris les études il y a quelques semaines les cours qui devraient se faire à l’Université se font en ligne. On a le même contenu académique à la différence près que je ne rencontrerai probablement jamais mes « camarades » de classe. Je pense aussi que je ne garderai pas le contact avec eux une fois la session terminée. Ça n’aurait peut-être pas été le cas si on s’était rencontrés en personne.
Vie quotidienne …
Je ne suis sortie que très peu depuis le début du confinement. Ici, pas besoin d’attestation pour sortir comme c’est le cas en France. Mais on recommande de limiter les deplacements à l’essentiel. La plupart des centres commerciaux et de lieux de rassemblement sont fermés. La plupart des activités estivales ont été annulées. Seuls les services jugés comme essentiels par le gouvernement peuvent continuer à opérer et à rester accessibles sous certaines conditions. Il y a un site internet officiel qui répertorie toutes les informations officielles dont on a besoin. Les heures d’ouvertures de magasins sont restreintes. Certains commerces qui étaient ouverts 7/7 sont à présent fermés les dimanches. Dans mon quartier, on ne peut pas faire les courses en famille ou en couple. Il faut être seul ou accompagné d’un seul enfant pour pouvoir rentrer dans le magasin. De plus il y a certaines mesures sanitaires à respecter. Il est obligatoire de se laver les mains et de laisser une distance de 2 mètres entre chaque individu. Certains commerces posent des questions sur ton état de santé général avant de te laisser rentrer. D’autres ont des plages horaires qui sont strictement réservées aux seniors. Toutes ces mesures sont mises en place pour notre bien mais je dois avouer que faire les courses est devenu une source d’anxiété pour moi. Je n’aimais pas ça avant non plus. Toutes les étapes à passer avant de rentrer dans le magasin et les rayons a moitié vides il n’y a plus de papier et de farine ont transformé cette tâche qui était auparavant banale en corvée. Les rassemblements sont interdits; ceux qui ne respectent pas la loi risquent une amende pouvant aller de 1500 à 6000$. Certaines personnes n’hésitent pas à appeler la police pour poucave en mode snitch veillent à ce qu’on respecte la loi.
Les enfants ici mettent des dessins arc ciel aux fenêtres avec comme légende « ça va bien aller ». C’est marrant de voir tous ces petits dessins quand on se balade.
Pour finir je dirais que le confinement à Montréal c’est une ville quasi déserte et une vie au ralenti. Perso, je prends le confinement avec beaucoup de philosophie. Je ne suis vraiment pas à plaindre mais le confinement a changé mon rapport à beaucoup de choses. Je vous en reparlerai dans un autre billet. J’essaie de ne pas trop m’inquiéter pour ma famille (surtout ceux qui travaillent dans le domaine de la santé) ; je m’occupe comme je peux en attendant des jours meilleurs…
Catégories :Les Gaous au Canada, Une vie de Gaou
Bon courage pour le confinement et c’est vrai que nous sommes bien lotis avec un toit, un travail qu’on peut faire à la maison ! Bonne continuation
C’est clair. Merci beaucoup pour ton commentaire et bonne continuation aussi 🙂
C’est exactemen comme tu le dis : faire les courses est devenu une source d’angoisse pour moi aussi. Pas vraiment par peur d’attraper le virus, mais plutôt pour le côté ubuesque de la situation. Horaires réduits, queue devant le magasin, rayons vides…
100% d’accord. Je n’ai pas plus peur que ça de tomber malade. c’est vraiment tout le reste que je trouve anxiogene. Bon courage en tout cas 🙂