Un gaou donne des conseils: négocier son salaire

show-me-the-moneyJe voudrais partager avec vous ma micro expérience canadienne en terme de négociation salariale. Si vous êtes des habitués du blog (merci de me lire) vous savez que nous avons quitté Toronto pour Montréal  parce-que j’y ai trouvé un emploi. Je vous parlerai dans un autre billet des 10 entretiens (oui oui vous avez bien lu 10) que  j’ai dû passer sur un mois pour avoir le poste mais aujourd’hui on parle argent.

Négocier son salaire est une opération délicate. En France après 7 ans de carrière,  l’idée ne me traversait même plus l’esprit. Chaque tentative de négociation était un échec cuisant. Comme mon statut sur le territoire français dépendait directement de mon emploi; je la mettais en sourdine dès qu’on abordait le sujet salaire. En effet, pas de boulot, pas de carte de séjour. Je suis sûre que tous mes amis titulaires du titre de séjour travailleur savent de quoi je parle.

Depuis que je suis au Canada, je n’ai plus ce genre de problèmes. Je pense que le fait d’être arrivée  en tant que résidente permanente facilite sans aucun doute les choses. Je ne sais pas si j’aurais eu une marge de manœuvre aussi large avec un permis vacances travail  ou un permis de travail temporaire.

Quand j’ai eu mon premier emploi à Toronto, je n’ai pas négocié le salaire. J’étais encore conditionnée par mon vécu d’immigrée en France. De plus, je n’avais pas d’expérience canadienne à l’époque, je ne me voyais donc pas vraiment jouer les divas. Et puis, je dois avouer que le salaire proposé par mon ancien employeur me convenait.

Pour l’emploi que j’occupe à Montréal, la situation est différente. Je prenais quand même quelques risques (changement de province, démission de Mr Gaou etc.) et il fallait que j’assure mes arrières. Je voulais un salaire qui nous permette de vivre convenablement, tout en mettant de l’argent de côté le temps que l’homme trouve un emploi . De plus les taxes et l’impôt sur le revenu sont plus élevées au Québec qu’en Ontario; j’ai aussi pris cette donnée en compte.

La première chose que j’ai faite, c’est estimer un montant qui avait de l’allure et qui était cohérent avec le poste, mes compétences et mes attentes. Dès les premiers entretiens, j’ai fait part de mes prétentions salariales. Le recruteur m’a demandé pourquoi  je demandais ce salaire et j’ai argumenté.

J’ai obtenu le salaire que je souhaitais ainsi que d’autres avantages ce qui, ma foi,  ne gâche rien au poste.

Quelques conseils de Gaou

1-Ne négocie pas qui veut

Même si les recruteurs ici sont plus ouvert à la discussion que ceux de l’hexagone, je ne pense pas qu’on puisse négocier son salaire tout le temps. Pour certains postes, vous n’aurez pas le choix. Plus le poste est sous qualifié, plus votre marge de manœuvre en terme de négociation  salariale sera limitée. En revanche si vous avez un profil ultra pointu et que vous êtes en position de force, vous devriez pouvoir négocier.  Un peu comme partout finalement.

2-Évaluer son salaire

Avant d’arriver à l’entretien, il faut définir des prétentions salariales cohérentes avec son profil et le poste que l’on vise. Si vous demandez 150000$ par an pour être caissier dans un supermarché, on vous dira que vous êtes amazing avant de vous raccrocher gentiment au nez. Certes je caricature mais gardez en tête que négocier ne veut pas dire avoir des exigences disproportionnées.

Il y a des sites internet qui répertorient les salaires moyens par corps de métiers. Ça permet d’avoir une idée de ce qu’on peut demander et d’éviter d’aller se ridiculiser en entretien avec des demandes farfelues. Il est très important de pouvoir justifier le salaire qu’on demande. Les recruteurs ici m’ont toujours demandée sur quoi je basais mes prétentions salariales.
Pour avoir une idée des salaires pour votre poste et votre domaine, vous pouvez consulter les sites suivants:

http://www.payscale.com
http://www.glassdor.com
http://www1.salary.com

J’entends souvent des gens dire qu’ils sont mieux payé ici qu’en France à poste égal; mais quand je vois leurs conditions de travail je ne peux m’empêcher de me demander s’ils sont vraiment gagnants. Pour moi, si le salaire augmente légèrement et qu’en contrepartie on perd certains avantages (bons horaires, jours de vacances, RTT, tickets restau, chèques vacances, primes etc), on est pas gagnant. Mais bon c’est sûrement mon point de vue de personne vénale. Pour moi le salaire est important mais il ne doit pas être le seul critère à rentrer en jeu. Pensez à prendre en compte tous vos avantages.

On peut toujours négocier un certain nombre de choses: mutuelle d’entreprise effective le 1er jour du contrat (la plupart des entreprises proposent la mutuelle après 3 mois de présence),  nombre de jours de vacances…
Par exemple, j’avais négocié avec mon ancien employeur un accord me permettant de convertir une partie de mes heures supplémentaires et mes heures d’astreintes en journées de congés.
Attention cependant à la façon dont vous abordez les congés; c’est un sujet délicat et  vous ne voulez pas passer pour un gros paresseux.

Voilà pour ma petite expérience!

 

 

L’image est tirée du film Jerry Maguire



Catégories :Les Gaous au Canada

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3 réponses

  1. Je suis d’accord avec toi, les avantages autour du salaire comptent énormément : assurance, voiture, téléphone… à salaire égal ça peut faire une énorme différence… sans compter la prise en considération de ta vie en dehors du travail : cadre de vie, congés, horaire… Contente que tu sois gagnante mais surtout que le poste corresponde plus à tes aspirations et te motive à fond 😉

  2. Sinon il faut tout simplement regarder des postes similaires dans des entreprises qui indiquent le salaire. (Souvent le public) et aussi vérifier les payes quand on est UNION. Tout est dispo sur internet. Ca donne un bon aperçu mais attention AUPE par exemple ne paye pas pareil selon la boite. Parfois tu as un écart de 20/30 %. Pour ne pas te planter, tu prends le milieu et voilou.

    Ne pas hésiter non plus à regarder sur payscale US parce qu’au Canada y pas beaucoup de salaires indiqués quand même… Ou a demander à un chasseur de têtes. C’était lui qui m’avait dit combien je devrais demander quand j’ai postulé à un job 🙂 Il trouvait que je demandais bien trop bas. (A l’époque je faisais une conversion euros / dollars) Jusqu’à ce que je me rende compte que je pouvais demander 10 K de plus 😀 Depuis (en 5 ans), je suis passée à quasi 20 K de plus. Et je compte bien faire encore 10 à 15 K de plus quand je changerai de poste 😉 Ensuite ça devient de plus en plus difficile de négocier on va dire quand les salaires deviennent importants. (La marge étant plus réduite)

  3. Une chose qui facilite la tâche, c’est qu’au moins, ici, parler sous n’est pas tabou. Ça a ses inconvénients, certes (matérialisme) mais on admet que les gens ont besoin de gagner leur vie.

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