Arrêtons la victimisation…

state_of_denialJ’ai rencontré récemment une compatriote Francaise. Une jeune femme de mon âge, maman comme moi. Elle est arrivée au Canada il y a quelques années. Elle est de Paris. Nous avons échangé sur nos différentes expériences d’immigrantes. Elle m’a demandé si je préférais ma vie au Canada à celle de France. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas comparer ces deux vies de manière objective car elles sont très différentes. Je lui ai dit qu’il y avait des choses positives et négatives dans les deux pays. Puis, j’ai rajouté qu’en tant que femme noire, je me sentais un peu moins à l’étroit ici au Canada qu’en France dans la mesure où j’étais moins victime de racisme.  C’est suite à cette déclaration qu’elle m’a lancé sur un ton agacé et condescendant cette phrase qui résonne encore dans mon esprit : « Arrêtons de tout ramener au racisme, arrêtons la victimisation. Moi même quand j’étais petite on se moquait de moi parce que je suis rousse.  Je n’en fais pas toute une histoire. Il n’y a plus de racisme en France, c’est quand même un pays super ouvert et tolérant. Il n’y a qu’à voir tous les étrangers qui veulent y aller… »

Ce n’est pas la première fois que j’entends ce genre de remarques que je trouve vraiment déplacée. Je ne sais pas si c’est l’âge ou mon statut de maman mais je suis fatiguée, épuisée moralement par ce genre de déclarations. Je ne comprends pas que l’on puisse ainsi balayer du revers de la main tout le vécu d’une personne simplement parce que ça ne nous parle pas.

Je l’ai regardée et je me suis demandé pourquoi elle me privait du droit à la parole, pourquoi elle me refusait le droit de raconter mon expérience, ce vécu douloureux qui fait partie de moi. Je n’ai pas été choquée par son manque total d’empathie; je sais qu’elle ne peut pas comprendre ce qu’elle n’a jamais vécu et je ne lui en veux pas. En revanche le fait qu’elle dise « arrêtons » doublé du ton agacé et condescendant qu’elle a employé m’a dérangée. J’ai aussi trouvé le parallèle qu’elle a fait entre les moqueries entre enfants dont elle a été victime à l’école et le racisme latent, nauséabond et institutionnalisé dont j’ai été victime tout au long de ma vie vraiment déplacé. Je suppose que son expérience a dû être traumatisante. Mais j’ai trouvé la comparaison avec le racisme un peu exagérée.

Je me suis demandé combien de fois on l’avait traitée de singe ou de sale quelque chose. Je me suis demandé si elle avait eu à justifier de sa bonne foi juste parce qu’elle appartenait à une certaine communauté.  Je me suis demandé si la sécurité la suivait de manière quasi systématique dans un magasin parce-que son physique faisait d’elle une voleuse en puissance. A-t-elle arrêté de regarder ou d’écouter certaines emissions parce-qu’elle en avait assez de l’image stéréotypée et des clichés que les medias véhiculent sur sa communauté? Combien de fois lui a-t-on demandé de rentrer chez elle si elle n’était pas contente alors qu’elle vivait dans son propre pays?
J’ai repensé à toutes les humiliations vécues en silence; à ces episodes de ma vie qui m’ont à jamais marquée, à l’amertume qui en découle.  Toutes ces choses que j’ai acceptées sans rien dire parce-qu’en tant que citoyenne de seconde zone je n’avais pas le droit de crier à l’injustice sous peine d’être accusée de faire de la victimisation. J’ai aussi repensé à l’energie monstrueuse qu’il m’a fallu pour me battre et ne pas sombrer dans le ressentiment, l’aigreur et la haine de l’autre.

Je me suis demandé si elle aussi avait dû arracher brutalement sa petite fille à l’innocence de l’enfance pour avoir une conversation sur le racisme avec elle. Est ce qu’elle a eu la lourde tâche qui consiste à expliquer à un très jeune enfant que la discrimination raciale allait faire partie de sa vie? Est-ce qu’elle a eu la gorge nouée lorsque son très  jeune enfant lui a demandé ce qu’était une sale negresse parce que ça faisait écho à sa propre enfance et ravivait en elle des blessures profondes?
Arrêtons la victimisation a-t-elle dit. Comme si le fait de me poser en victime allait m’apporter quelque chose ou changer ma vie. Je n’ai aucun intérêt à me poser en victime. J’aimerais ne pas avoir vécu toutes ces choses. Je voudrais tellement être transparente, je voudrais me lever et aller vers les autres sans me poser de questions, sans avoir peur d’être (au mieux) rejetée à cause de mon teint ébène. J’aurais aimé ne pas avoir à expliquer à ma fille que sa peau pouvait poser problème à certains étroits d’esprit comme ma mère l’a fait avec moi. J’aurais voulu qu’on ne la traite pas de sale negresse. J’aurais voulu que ma fille ait une enfance loin de toute cette « victimisation » qui n’est que tristesse, douleur et déception. Mais la société où nous vivons en a décidé autrement et je l’accepte tant bien que mal.

J’ai expliqué tout ça à mon interlocutrice ; je lui ai dit à quel point c’était difficile de se voir refuser ce droit à la parole; je lui ai dit que nier ainsi mon histoire, mon vécu était insultant et méprisant. Elle a souri et m’a répondu : « ouais si tu veux… », rajoutant ainsi l’injure à une blessure déjà bien douloureuse…

 

 

 

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Catégories :Le Gaou est fâché

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31 réponses

  1. Eh bien ca en dit long sur ce qui se passe ici… et comment certains réagissent… Des fables, des histoires, des « non c’est pas possible »… parce que bon, en France tu comprends, c’est évidemment impossible.. Parait que c’est le pays des Droits de l’Homme qu’on nous martèle sans cesse… Oui, c’est vrai… Mais c’est le pays de la signature et de l’écriture de ces Droits… qui sont à suivre, renouvelé, faire vivre sans cesse et chaque jour. Or, il semble que cela s’est arrêté… Bref, dire « Stop, tu as faux » alors que soi-même on ne vit pas ce que l’autre s’apprête à nous témoigner, c’est d’une tristesse… Et puis, beaucoup de ceux qui disent « arrêtons la victimisation » pense que le racisme se limite aux injures raciales de but en blanc… oh que non, ça c’est juste la partie ultra haute de l’iceberg… Le racisme, les discriminations qu’il engendre, c’est bien plus subtile… mais peu veulent bien l’entendre… Enfin bref… T’as bien fait de ne pas te taire, même si elle ne semble pas avoir compris.
    Des bises !!

  2. Il y’a des paires de claque qui se perdent…

  3. La fille de ma meilleure amie est métisse, mais pas « caramel », elle a 6 ans, mais à partir de 4 ans elle a du faire face au racisme des petits de maternelle car: « elle a la couleur du caca », « elle n’est pas une princesse car les princesses ont les cheveux blonds et la peau blanche », etc… Petite puce, si petite et devoir faire face à tant de haine et de mépris!
    La France est un pays où le racisme est bien présent et où les langues se délient et se font plus méchante.
    Tu as eu raison de remettre les choses dans l’ordre, même si elle n’a pas compris, ce qui est bien dommage!

  4. je suis choquée, mais choquée de la réaction de cette … (j’ai eu envie de dire un mot pas très gentil)
    J’en reviens juste pas… Non seulement sa réflexion reflète un manque de respect total (comme tu dis, c’est balayer d’un revers de la main ton ressenti, ton expérience, ton vécu…), mais en plus une bêtise hallucinante… Faire la comparaison avec le fait qu’elle soit rousse, mais n’importe quoi. Et puis vive les œillères, pour dire qu’il n’y a pas de racisme en France…

  5. Mais quelle conne ! à voir ce genre de réaction, tu sais déjà comment et par qui sont véhiculés les préjugés…

  6. Les inepties de ce genre sont malheureusement innombrables sur les réseaux sociaux. Cependant, je me rejouis de voir que les choses changent. En effet, les français.ses non blancs.ches prennent désormais la parole.

    La réalité/vérité sur notre histoire est désormais notoire n’en déplaise à d’aucuns. La généralité n’est pas de mise mais, la plupart des blancs.ches n’auront pas de choix que de sortir de leur zone de confort et de se mettre à jour s’ils/elles ne veulent pas être à la bourre. Combien ont-ils.elles déjà pris la peine de lire les bouquins écrits par les auteurs/historien.nes non blancs.ches? Combien se bornent à écouter uniquement les informations émanents des medias mainstream?

    Lorsque cette question m’est pausée, ma réponse est sans equivoque. Je préfère incontestablement le Canada que la France. Et pour couronner le tour, je rajoute que je n’y retournerais plus jamais pour y vivre. Bien que ce ne soit pas parfait ici bien entendu.

    Tu lui as fourni un condensé d’exemples très explicite. Désormais, il lui appartient de faire son chéminement ou de stagner.

    • La France est mon pays et je refuse de m’en priver a cause de gens etroits d’esprits.
      Heureusement que les langues se delient comme tu dis 🙂

  7. Beaucoup de bêtise humaine !! très bel article.

  8. C’est très bien dit!!

  9. M’a pas l’air fine fine la nénette… Parler à la place des autres en ayant un vécu complètement différent, ça me choque. Si une autre femme noire avait eu ces mots, j’aurais peut-être pensé « ah, ben elles ont eu des expériences différentes, c’est tout ». Mais là, je crois qu’elle ne savais pas du tout de quoi elle parlait et effectivement, c’est insultant comme comportement.

    On a le droit de ne pas être d’accord (et certes, le sujet de la victimisation peut être épineux, j’emploi le mot « victimisation » que je n’aime pas, mais bon…), mais on ne peux pas inventer un vécu qu’on n’a pas.

    • Comme toi je n’aime pas le mot victimisation. De plus c’est vraiment particulier de renier le vecu des gens sous pretexte qu’il ne fait pas echo a notre propre experience…

  10. Mon nom de famille apporte souvent de sourire et des blagues. Mais ce sont de toutes petites choses toujours plus mignonne que méchante. Ce n’est en rien comparable à ce que toi, tu as pu vivre et je n’irais pas m’amuser à comparer, encore moins à le dénier. C’est quand même un peu bête et méchant de faire ça.

    En plus, le racisme est bel et bien récent en France, et habitant dans un pays étranger, ça se voit encore plus. Une fois, je me suis fait passer pour une Anglaise pour me débarrasser de petits gamins assez collant dans les escalators. Ma tenue était crédible (jupe avec des collants flashy), mais mon accent à couper au couteau était super identifiable (Dou iou spik inglich ?), et pourtant, ils m’ont encore plus emm*dé, et on fini par me demander de retourner dans mon pays de Bitch….
    Encore une fois, ce n’est pas grand chose comparé à toi, mais bon, qu’on ne vienne pas dire qu’il n’y a pas de racisme, c’est faux !

  11. Bravo d’avoir tenté de rendre un peu plus intelligente cette femme, tu as le mérite d’avoir tenté franchement. Parce que rien qu’à lire sa première réponse dédaigneuse, j’aurai voulu lui mettre une paire de baffe…

  12. Quelle comparaison débile…
    C’est évident, quand on est rousse, on peut avoir du mal à trouver un logement, voire un travail, et tant d’autres choses!
    Pour sa « défense », il est vrai que tant qu’on ne l’a pas vécu (cette mise à l’écart, cette discrimination), on en a pas forcément conscience!
    Avant d’être un couple mixte, je ne pensais pas que je devrais, un jour, mettre mon nom de jeune fille en avant, ne serait-ce que pour obtenir un rdv pour visiter un appartement, et j’en passe!
    Malgré tout, il ne me serait pas venu à l’idée de nier le vécu de quelqu’un et vous avez bien fait de lui dire clairement!
    Ma fille grandit, rentre à l’école cette année et je commence déjà à « angoisser » un peu, car d’après ce que je vois, elle risque de se faire rejeter par ses deux « communautés ». L’une parce qu’elle porte un nom de famille qui rappelle des origines qui « passent » de moins en moins en France, l’autre parce qu’elle a un prénom français et que ça devient de plus en plus mal vu de se « franciser »…. Bref, le casse-tête! Heureusement, il reste (et ils sont majoritaire) des gens bien, ouverts d’esprits!

  13. Les gens sont abominables … Et ton article est émouvant ! Merci de l’avoir écrit 🙂
    Après, là où ça devient énervant, c’est que certaines personnes jouent sur le racisme, tout le temps. Même quand il n’est pas question de ça. Limite si on n’aime pas une personne qui a la peau noire, on est forcément raciste. Ça ne vient pas à l’idée que c’est juste la personne qui nous déplaît. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, et si je choisis les bons mots pour m’exprimer.
    Bref dans tous les cas, je ne comprendrais jamais ces personnes racistes, ou qui font preuve de n’importe quelles sortes d’intolérance. Laissons juste vivre les gens en paix et comme il le souhaite !
    Encore une fois, bel article qui rappelle (encore) qu’il y a vraiment des gens d’une connerie lamentable.

  14. Le commentaire de cette française m’a beaucoup fait penser à celui d’un français de Guyane (la 3è personne au début de cette vidéo) et je l’ai trouvé tellement surréel que je l’ai réécouté plusieurs fois pour être certain que j’avais bien entendu:

    J’espère que tu ne rencontres pas trop ce problème à Montréal car j’ai souvent entendu des choses laissant croire que le problème existe là aussi mais, après çà, il y a l’intensité et là, je pense (enfin j’espère) que Montréal est mieux que d’autres grandes villes dans d’autres pays.

    Quand j’ai travaillé au Mexique dans une usine GM, un haut dirigeant d’origine autochtone m’a dit qu’il aimerait être blanc car ils sont beaux et lui, il est laid car il trouve que les autochtone mexicains sont laids, . J’ai trouvé cela tellement triste d’entendre cela de la bouche d’un homme comme lui que çà m’a très profondément marqué… comme tant d’autres choses dans ce beau pays.

    Une autre fois quand j’ai travaillé aux USA avec un ingénieur noir, j’ai eu très envie de lui demander comment il vivait le racisme aux usa mais j’ai pas osé car çà aurait été très déplacé de ma part étant donné que mon employeur était un client de son employeur et que son travail consistait à superviser mon travail.

    Çà fait longtemps que je cherche à savoir comment les gens vivent le racisme au quotidien et là, tu viens d’y répondre.

  15. A la lecture de cet article (et de ton blog en général) je me dis que la France a perdu une personne de qualité. Et dans le fond c’est triste car on parle souvent de l’exil des t… comme Depardieu ou Johnny mais beaucoup moins des anonymes qui fuient une société qui a de plus en plus de mal à intégrer…
    Mais étant de nature optimiste je sais aussi que les choses peuvent changer et ton témoignage y contribue c’est certain:)

  16. Bonjour Gaou,
    Te lire c’est comme faire une cure de thermale à La Rochelle, aller voir un spectacle du dernier humoriste du moment, ou gravir le Mont Blanc. Bref……….c’est une bouffée d’oxygène.

    Apres la bouffée d’oxygène et une fois les idées de nouveaux en place, commence profite du second trésor de ton témoignage…La remise en question.

    Je trouve ton témoignage bouleversant car il frôle de près ma vie et c’est en cela qu’il m’a fait vivre toute les émotions en ordre comme citées :

    Empathie, Tristesse, Indignation, Colère, Sentiment d’Injustice, Colère, Impuissance, Courage et enfin Optimisme !

    Ton témoignage m’interpelle et me touche au plus profond de moi. Facile, Je suis Tunisien d’origine et musulman de religion. J’habite au Canada car la France a refusé de me reconnaitre, alors ma femme qui porte le foulard islamique n’en parlons pas. Et puis nous avons une petite fille de 2ans.

    C’est vrai qu’avoir vécu le racisme on s’y fait. Mais savoir que son enfant va le vivre c’est insupportable et le mot n’est assez fort.

    Je me souviens en France j’avais compris très tôt que j’étais diffèrent. Par diffèrent dans ma tête ça voulait déjà dire inferieur au blanc. Petit, je n’ai jamais parlé des discriminations que j’ai vécues avec mes parents. Je ne voulais pas les rendre tristes. Et puis mon père était ouvrier et ma mère femme au foyer, qu’est-ce qu’ils auraient pu faire ? Se plaindre ! Oui, mais à qui ? Puis je savais déjà qu’en France on ne prend pas au sérieux les plaintes de personnes issues de la minorité. Au mieux si c’est un professeur qui a fait une remarque raciste, il aura un avertissement du proviseur et dans la majorité des cas, justice ne sera pas faite.

    Vivre le racisme dans son enfance ça use. Au début on essaie de rester fort et on finit par perdre pied et donc arrive le moment où on commence à se persuader qu’on est vraiment inferieur. Si on prenait un adolescent en France qui a vécu le racisme institutionnelle, sociétale (qu’importe son nom) et qu’on faisait un état de sa personnalité on se trouverait en face d’une personne avec les qualités que je vais décrire.

    • Il déteste ses origines en commençant par la langue de ses parents. Il refuse et combat ses parents pour ne parler leur langue à la maison. Si ces parents lui parlent arabe il répond en français. Le français étant dans son esprit la langue de l’homme civilisé et l’arabe celui du bédouin du désert.

    • En vacances il refuse de se mélanger à ses cousins Tunisiens. Il préfère passer son temps dans les hôtels ou les Français (comprendre ici les blancs) s’y retrouvent en vacances. A Djerba par exemple. Problème d’ego, il souffre du syndrome de l’esclave de maison. Dans sa tête résonne « Je suis presque un blanc, hors de question de me mélanger aux esclaves des champs (ici les tunisiens) ».

    • Il a honte de la couleur de sa peau. Il commence par faire un défrisage pour ne plus avec les cheveux crépus. Il utilise de la crème pour blanchir sa peau. Il réfléchit et se dit que tout ça doit s’arrêter après lui. Non il ne transmettra pas ses gènes a ses enfants ! Il se promet de trouver une femme blanche qui lui fera de beaux enfants à la peau blanche. Ou il ne se mariera pas ! Il doit éviter par tous les moyens à ses enfants d’avoir les traits de ses ancêtres. Ces traits qui représentent dans son esprit les traits de l’homme colonisé, du sauvage, de l’homme inferieur.

    • Il se sent inferieur intellectuellement. Il acheté tous les livres qu’une personne blanche lui a recommandé. Si c’est un blanc qui le recommande, je peux lui faire confiance. C’est bien connu tous les blancs lisent des livres. Pour lui chaque blanc qu’il croise est un intellectuel. C’est pour cette raison qu’il préfère volontiers les assemblées ou les blancs sont majoritaires, mais il ne prend jamais la parole. Il a trop peur de ne pas avoir de point de vue pertinent et de perdre toute considération aux yeux des blancs. Vous comprenez, il a peur que ce manque de considération le renvoie à son origine.
    Par contre, il fait quelque apparition dans les assembles qui ne possèdent aucun blanc. Dans cette assemble c’est le contraire, il est très bavard et il est très rare qu’il cède la parole. Il croit qu’à chacune de ses interventions les gens louent ses qualités en ces mots : « Qu’est-ce qu’il est intelligent, et qu’est ce qu’il est éloquent. Pour moi c’est un quasi blanc !». Le pauvre, il n’a pas encore compris que les discussions d’aujourd’hui tournent autour du nombril de celui qui parle. Qu’on ne partage plus une discussion pour apprendre et faire évoluer sa pensée. Mais qu’on parle par égoïsme, pour se montrer et donner son point de vue avant tout. Qu’en fait on se s’écoute plus. On attend juste le bon moment pour prendre la parole à celui qui vient de terminer sa phrase.

    Je n’ai plus la force de continuer. Je reviendrai surement dans le futur pour vous lire et échanger avec inshaAllah. En tout cas votre texte interpelle et il donne du courage à ses lecteurs…

  17. Je suis HOMME / BLANC / HÉTÉRO / français et plus jeune j’avais cette illusion que tout cela était fini, qu’il n’y avait plus de couleur, plus de raison de se sentir « victime » ou « privilégié ». Pour citer Océane Rose Marie j’ai moi aussi découvert que j’étais blanc… et ce assez tardivement parce que tout cela n’avait pas d’importance dans le milieu où j’ai grandi.
    Nous avons encore un sacré chemin à faire… et j’ajouterai même que je n’en vois pas encore le bout.

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