Un Gaou à Calgary: Lisa

calgary

Je vous propose de découvrir le témoignage de Lisa. Je l’ai connue via son blog (que j’adore) et je dois avouer que nous avons bien accroché. Si vous voulez un témoignage mièvre sur l’eldorado canadien, je vous conseille de passer votre chemin immédiatement…
Je tiens à remercier Lisa d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

1/ Pourrais-tu te présenter en quelques mots?

Hello les Gaous, je m’appelle Lisa, j’ai 28 ans, je viens de Paris et vis au Canada depuis 4 ans. J’ai un peu de mal à revêtir ma tenue spéciale lunettes roses et t-shirt bisounours donc j’espère que l’honnêteté ne te dérange pas. (Ahahaha)

 

2/ Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à tenter l’aventure à Toronto?

Disons qu’il faut revenir un peu en arrière. Une copine de fac m’avait parlé du Canada (je raconte toujours cette histoire en fait donc je risque de me répéter mais tant pis !!) en 2009 et pour être honnête je n’avais jamais songé à y aller même si Mister, mon mari, a toujours dit qu’il avait pensé à aller y vivre. Il me semble que personne ne s’en souvient sauf lui mais passons. Donc ma copine me raconte qu’elle a vécu à Montréal et à Toronto et que Toronto lui a changé la vie. Elle me dit qu’on peut demander des visas de travail pour aller au Canada et donc je décide de me renseigner et j’en parle à Mister. 2 semaines plus tard, on lançait le CSQ, oui on est comme ça nous  🙂 Après un voyage de prospection à Montréal, on s’est dit que Toronto serait plus cool car plus américain et Mister travaillant dans le domaine bancaire ça serait plus simple. (Erreur mais tu connais ça n’est-ce pas) Nous avons donc débarqué à Toronto en octobre 2010 sans jamais y avoir mis les pieds. Les gens nous prenaient pour des fous, surtout les Québécois : «Toronto, quelle ville moche et sans intérêt, il n’y a que des gens étriqués d’esprit en plus, pourquoi aller là-bas! ». Ça me fait quand même bien rire aujourd’hui… Je ne pense pas qu’une seule personne pense ça de Toronto en 2014…

 

3/ Comment se sont déroulées ton installation et ta recherche d’emploi dans la ville reine?

Installation très facile, des copains rencontrés sur un forum se sont porté garants pour nous! De la folie, on ne s’était jamais rencontrés ! Le boulot, d’abord des petits jobs (call center) et puis un contrat dans une université. J’adorais l’ambiance mais… se caser dans une université, bonjour le parcours du combattant. Les gens sont en contrat à durée déterminée, les CDI n’existent quasiment pas et puis surtout il faut un profil « Université » pour y rentrer. Autant te dire qu’à l’époque avec mon profil agence c’était pas gagné… Ensuite je me suis surement casée dans la pire boite du monde (grande distribution), j’y suis restée deux mois et puis après 3 mois sans rien, je me suis casée dans ma branche mais en français. Je me suis bien marrée quand même. Mes collègues étaient Françaises. Ensuite je me suis fait lourder et 2 mois après j’ai trouvé un contrat 100% dans ma branche et en anglais. Ouf, ça a fini par payer.

 

4/ Après 3 ans au Canada, tu as décidé de retourner en France. Comment se sont déroulés ton retour et ton installation ?

Je suis partie avec une boite. C’est un peu (méga) compliqué, je devais aller aux USA avec eux via un VIE et puis finalement ça a foiré ils m’ont donc proposé un contrat en France à la place. Faut dire aussi que Mister ne voulait pas du tout rester à Toronto donc le fait que cette histoire foire a été un bon moyen de partir. La boite a donc payé le déménagement et on s’est installés chez mes beaux-parents en attendant de trouver un appart. C’était pratique ils étaient à 15 min à pied de ma boite. Mister a trouvé un job (même 2) 2 mois plus tard. Pour quelqu’un qui n‘avait eu aucune proposition en 3 ans, c’était génial.

 

5/ As-tu rencontré des difficultés dans l’Hexagone?

Pas vraiment non, enfin pas les soucis habituels dont parlent les expats genre « ouin personne ne me comprend », « ouin, personne me parle de ma vie à l’étranger », « ouin les Français sont pas aussi enjoués que les Américains ». Get over it! Genre faudrait qu’en France on me parle de ma géniale vie au Canada et faudrait en plus que les Français soient en fait des Canadiens qui vivent en France. Bien sûr. Ce genre de comportement m’horripile. Après je dirais que ça a plus été difficile mentalement pour moi dans le sens où je sentais que ma place n’était pas en France pour plein de raisons différentes. Oui c’était génial de voir ma famille toutes les semaines (ça me manque bien sûr) mais cette vie n’était pas pour moi. Je pense que ma sœur l’a bien compris d’ailleurs quand je lui ai dit que je repartais, elle m’a dit qu’elle le savait, que je ne serai pas restée en France de toute façon. Je pense qu’inconsciemment tout le monde le savait en fait mais c’est plus simple de se persuader du contraire.

 

6/ Tu es finalement revenue à Calgary, comment s’est passée cette deuxième immigration?

Je me souviens quand j’ai annoncé sur le blog que je retournais au Canada, les gens m’ont dit «Welcome home !!! », comme si mon vrai pays était le Canada. C’est marrant non ? Moi qui avais tant tenté de m’en extirper par tous les moyens possibles. En essayant d’aller aux USA, et puis en France et puis finalement non, c’était le Canada qui me rappelait à son bon souvenir. Je crois qu’à ce moment ça a fait tilt dans ma tête et j’ai changé ma façon de penser. J’ai vu cette seconde immigration de manière plus zen et puis il faut dire que la boite qui m’a recrutée de France à Calgary, m’envoyait des emails pour être sûre que je vienne genre « on est trop contents de t’avoir !!! », ma collègue et mon directeur m’ont même envoyé des petits messages. Donc comparativement à Toronto, ça donnait envie d’y aller, j’avais vraiment l’impression qu’on m’attendait. En plus Mister a obtenu un job 2 semaines après être arrivé ici. Sa boite en France l’a recommandé à une boite ici et tout s’est fait rapidement. Il a eu le job qu’il voulait, au salaire qu’il voulait et en plus il y a quelques Français dans sa boite. Bref, une immigration totalement différente. Ça m’a tellement chamboulé que j’ai même demandé la nationalité canadienne dis donc ! C’est dire.

 

7/ Qu’est-ce qui a changé en mieux pour toi à Calgary par rapport à Toronto ?

On habite dans une maison. On a un 4×4, Mister a un meilleur job. (J’aime bien caser le 4×4 parce que j’en rêvais depuis longtemps et puis avec la neige, bonjour la berline) En fait quand tu as deux bons jobs, tu peux être un peu n’importe où je pense. Les assurances voitures sont moins chères, les loyers aussi. Et puis la montagne n’est pas loin et c’est très beau. On aime bien se balader.

 

8/ Peux-tu citer une chose qui ne te plaît pas du tout au Canada?

Le froid. Pff comme elle est facile ta question !!

 

9/ Quels conseils donnerais-tu à :

A-   ceux qui souhaitent venir s’installer au Canada ?

Ca dépend, est-ce qu’ils sont PVTistes ?? Mouhahaha. Non parce que si c’est le cas, le PVT n’est PAS un visa pour l’immigration hein. Faut bien se mettre ça dans le crâne et arrêter de vouloir rester à tout prix en faisant un job de chiotte pour espérer obtenir un visa. C’est un vrai plan galère.

Sinon pour les RP, s’ils vont dans la partie anglophone, il faut vraiment avoir un anglais béton sinon ça va être la douche froide. Après les gens sont amers et aigris et y a rien de pire. Les gens qui dépriment au Canada et rêvent de rentrer mais ne le feront jamais, ça c’est vraiment le bon plan pour se pendre. Ne pas oublier non plus que le Canada n’a rien à voir avec la France ou d’autres pays et qu’il va falloir s’habituer si on veut que ça fonctionne. C’est marche ou crève, si on n’aime pas ce principe, faut pas venir.

B-   ceux qui désirent rentrer en France ?

Qu’ils le fassent. Quand on veut quelque chose, il faut tout faire pour y arriver sinon il reste un goût d’inachevé et c’est terrible pour le mental. Il n’y a rien de pire que de se sentir le cul entre deux chaises et de se trouver de nouvelles excuses tous les 4 matins pour ne pas rentrer. « C’est cher », « Je n’aurais pas de boulot », « et comment je fais pour trouver un appart ». Eh ben si c’est si compliqué, tu arrêtes de te plaindre et tu restes au Canada et on n’en parle plus. Faut que les gens arrêtent de cracher sur le Canada à tout bout de champ, si c’est si terrible, pourquoi ils restent ? La France n’est pas un pays en guerre que je sache. Il y aura toujours des difficultés partout, où qu’on aille, rien ne va être tout cuit dans le bec. Mais si on sent qu’on a plus rien à faire dans un pays, il ne faut pas hésiter une seconde et rentrer. Plus on tarde et plus c’est difficile. On est rentrés l’an dernier et aujourd’hui on peut dire qu’on l’a fait et qu’on ne regrette rien. Quelle tristesse d’avoir des regrets !

 

10/ Pourrais-tu donner le mot de la fin en une citation / proverbe?

« A pessimist sees the difficulty in every opportunity; an optimist sees the opportunity in every difficulty. » Non ce n’est pas Winston Churchill 😉

 

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7 réponses

  1. Merci pour le beau témoignage! Pas de niaisage, c’est clair, net, précis 🙂

  2. Comme quoi l’expat n’est pas qu’une question d’état d’esprit mais aussi de coups de chance et petit coup de poyce du destin pour se sdntir vraiment bi

  3. Enfin un discours réaliste! Merci!

  4. Le petit exil parisien a été très profitable à votre expérience canadienne à ce que je vois :-).
    Bonne continuation à nos futurs Canadiens de Calgary !!

  5. Complètement d’accord pour les PVTistes qui pensent rester… l’immigration, ça prend des démarches un peu plus compliquées, surtout maintenant.

    Le Canada est tellement grand et variés que je pense que presque tout le monde peut y trouver son compte. Faut juste ne pas s’arrêter à Montréal (message aux français…)

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