8h01 : J’arrive au bureau. Je commence à 8h, ce qui veut dire que techniquement je suis en retard. Mais bon 1 minute même au Canada où c’est très mal vu d’être en retard, ce n’est vraiment pas la fin du monde.
09h01: Ma collègue arrive, elle s’installe en me souriant mais sans dire bonjour …comme tous les autres membres de mon équipe. Ce n’est pas contre moi, c’est la façon de fonctionner ici ça ne les empêche pas d’être adorables. À Paris je n’aimais pas trop faire la bise, à Dakar ça me gênais d’entendre dire votre excellence, patron ou chef quand on s’adressait aux dirigeants. Pays différents, cultures différentes, il faut juste le savoir. Je continue à traiter mes dossiers.
10h01 : J’ai une réunion qui s’appelle one on one avec mon responsable. Nous abordons tous les points sur lesquels j’éprouve des difficultés et la façon dont elle peut m’aider à monter en compétences. Elle me confie de nouveaux projets et me félicite pour mon travail, je suis ravie. Elle m’envoie le compte rendu que je dois valider. Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau suivi. Au début cette réunion me donnait des sueurs froides (je suis une stressée) avec le temps j’ai appris à l’apprécier. Les managers ici sont vraiment proches de leur équipe.
11h01 : Je dois coacher une personne en période d’essai. Je vais ensuite aborder les axes d’améliorations avec son responsable. Je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de faire un rapport sur elle au manager après une session seulement. C’est quand même une grosse responsabilité. Je n’en reviens pas qu’on me fasse aussi rapidement confiance pour voler de mes propres ailes. Great !
12h01: Une odeur nauséabonde envahit l’open space, les lunches boxes sont sorties ; c’est la pause déjeuner. Je mange devant mon ordinateur. Ici, on n’aborde pas de sujets qui fâchent pour éviter les conflits. On se lance dans des discussions superficielles qui ne risquent pas de froisser. Malgré les yay et autres amazing qui ponctuent chacune de leurs phrases, je ne me passionne pas pour la conversation. J’aime bien échanger (de manière constructive) sur des sujets qui fâchent moi. Le Gaou est maso. LOL
13h01 : Mon collègue B du département voisin vient juste de quitter mon bureau. On a échangé sur un dossier un peu délicat et il me dit qu’il est ravi de travailler avec moi. Il dit qu’il adore ma façon de travailler et mon cute french accent. J’ai une alerte, c’est lui qui m’envoie un mail, il a dû oublier de me demander quelque chose. Mon visage se décompose à la lecture du courrier. Il relève des anomalies dans mon rapport et il a mis mon N+1, mon N+2 et mon N+3 en copie. Je reprends l’historique du dossier et je réponds pour prouver que je n’ai pas fait d’erreur. Je reçois un high five (mail d’encouragement) de mon manager. Thank God !
14h01 : Je recroise mon collègue B. Il sourit et me dit qu’il a vu mon amazing mail et que j’ai fait un great job. On n’hésite pas à mettre le manager en copie pour les points positifs comme négatifs. J’ai encore du mal avec cet aspect-là, mais j’y travaille.
15h01 : Il y a un pot pour la naissance du bébé d’un membre du département voisin. Je n’ai pas l’intention d’y aller car je ne le connais ni d’Adam, ni d’Eve. Ma chef vient me chercher pour qu’on y aille car elle voudrait en profiter pour me présenter quelques personnes. Elle souhaite me mettre un peu plus en avant. Ici l’attitude et la visibilité sont tout aussi importantes que les compétences pour décrocher une promotion. Ils ont mis le paquet; ballons, cupcakes, boissons et décorations criardes sont de sortie. On le félicite, on lui dit que sa fille est gorgeous. Il y a un jeune homme qui ne tarit pas d’éloge sur le nouveau-né dont il a vu la photo. Je lui demande le prénom de l’enfant, il ne sait pas; nous éclatons de rire… Fascinating!
J’apprends à la fête qu’un évènement va être organisé pour récolter des fonds. Je trouve l’idée sympa mais l’activité proposée ne m’intéresse pas, je passe mon tour. Mon collègue n’est pas non plus passionné par l’activité mais il va s’inscrire. L’évènement est organisé par la chef du service qui l’intéresse il va donc en profiter pour s’approcher d’elle et se faire remarquer pour un éventuel poste; il me suggère de faire de même. Il trouve que je suis douée mais que je ne réseaute pas assez. Je suis impressionnée par sa spontanéité et son acte désintéressé. Quel dévouement! Amazing!
16h01 : Ma journée est terminée, je ne l’ai pas vu passer. Je range mes affaires, personne ne me demande si j’ai pris mon après-midi. Au contraire ma responsable me souhaite une excellente soirée. C’est normal de partir à l’heure et puis rester tard sans qu’on ne vous le demande est perçu comme un manque d’organisation. Je range mes affaires. Mes collègues s’en vont aussi …sans dire au revoir. Je suis contente que ma journée soit terminée. Je commence à faire des plans pour ma soirée lorsque ça me revient, je suis d’astreinte toute la semaine… Shit!
22h30 : Je somnole devant la télé lorsque le téléphone sonne, il y a un problème à l’autre bout du pays et je dois trouver une solution. Je suis souvent sous pression mais c’est mon domaine et mon poste qui veulent ça. J’adore mon boulot, c’est passionnant mais je dois avouer qu’à cette heure-ci je suis épuisée.
23h01 : Ma journée de travail est finie pour de vrai cette fois ci. Je me dis que je suis chanceuse d’être tombée sur le bon poste dans une grosse entreprise du premier coup. Ce n’est pas évident pour un nouvel arrivant. Yay !
Catégories :Les Gaous au Canada
C’est marrant, j’ai pas du tout le même vécu de la vie de bureau. Où j’ai bossé, les heures étaient souples (personne ne regardait sa montre genre elle est en retard), les gens se saluaient (même si y’avait des cliques) et les déjeuners étaient… ahem, pas trop appétissants pour moi, ce qui veut dire assez stériles et sans odeurs.
Bah chez nous aussi personne ne regarde sa montre. Je me mets la pression toute seule. Je me suis rendue compte que mon billet n’illustrait pas assez bien ma pensée 🙂 Au bureau on apporte notre bouffe c’est le mélange de toutes ces senteurs que je trouve insupportable 😆
Aimez-vous votre travail malgré tout? Je comprends le rythme infernal et les relations travail/collègues. Pas vraiment différent à Paris, Toronto, Boston ou San Francisco. Mais si l’envie de faire un certain type de travail passe, alors se posent des questions plus profondes sur le sens que l’on donne à sa vie et comment on envisage de bien vivre le temps, cette commodité si précieuse qui ne revient jamais. Je ne veux pas être pessimiste et je sais que vous êtes par nature prête à abattre des montagnes. Alors, bon courage et à plus tard pour un autre billet.
P.S. J’aime le mot en anglais à la fin de chaque tranche horaire!
Oui j’adore mon travail et je suis dans un environnement vraiment cool.Je me suis rendue compte que mon billet n’illustrait pas assez bien ma pensée grâce à vos commentaires. Je ne me sens pas mal du tout dans mon entreprise ce sont les différences culturelles que j’ai un peu de mal à appréhender 🙂
Bonne ambiance dis donc! C’est partout pareil ou tu es mal tombé?
Comme je disais plus haut 😆 mon billet ne traduis pas bien ce que je voulais faire passer comme message . L’ambiance est cool en revanche on bosse beaucoup et les différences culturelles sont vraiment criantes pour moi. Je suis plutôt réservée alors qu’ici il faut se vendre et se montrer si on veut construire son réseau 😉
hé ben !!! c’est du lourd 🙂 moi qui ne sait pas faire semblant j’aurais du mal !
Bah ici il faut reseauter et toujours être positif donc effectivement si tu es plus du genre je fais mon boulot et je rentres, c’est compliqué de construire son réseau 🙂
c’est exactement moi ^^ je bosse dans la fonction publique donc…. quand je dois me forcer à faire du « small talk » j’ai envie de me tirer une balle ou de vomir au choix !!
bonjour je suis nouvelle, je découvre le blog , et il me plait bien
c quoi ce boulot? c bien payé au moins?
Merci pour le blog 🙂 je suis dans la supply chain et e n’ai pas à me plaindre du salaire c’est correct 🙂
Job très intéressant et correctement rémunéré. ma foi, ça vaut vraiment le coup de s’accrocher 🙂
Eh bein dis donc ça fait beaucoup d’événements avec les émotions dans la journée la Couze…en tout cas tu gères oooo. Maou! Du courage…je ne pensais pas que c’était comme ça le boulot au Canada.
les « boss, chef, patron » me saoûlent , mais moins que si on ne me disait même pas bonjour ou au revoir je crois…
A choisir, je préfèrerais quand même ce système du pas de bonjour à celui où il faut claquer la bise tous les matins à tout le monde. Le jour de mon arrivée à mon nouveau taf, tout le monde m’a fait la bise, y compris ceux qui ne connaissaient même pas mon prénom. J’ai trouvé ça super bizarre. Pour ma part, un bonjour oral suffit largement quand on n’est pas intime.