Un Gaou donne des conseils: la recherche d’emploi

ImageJai décidé de faire un post utile pour changer et de vous faire profiter de ma micro expérience de salariée Torontoise. Ce n’est pas grand chose mais en tant que Gaou professionnelle, je sais qu’on ne crache jamais sur des conseils gratuits!

J’avais parlé rapidement ici de la recherche d’emploi au Canada. Elle est un peu différente de ce que j’ai pu connaitre en France et  j’ai décidé de lui consacrer un nouveau billet car je pense que ça vaut la peine d’en reparler. J’ai trouvé mon emploi actuel en utilisant le classique offre, candidature, entretien d’embauche   et ça a marché. Mister Gaou lui a trouvé son emploi en passant par une agence de  placement.  Les agences de placement sont légions à Toronto. Elles seraient l’équivalent d’une agence de recrutement en France. Évidement comme pour toute entreprise de ce monde, il y a les agences sérieuses qui vont vraiment vous accompagner, à savoir revoir votre candidature , vous conseiller et vous trouver un emploi et puis il y a les autres, celles que j’aime appeler les collectionneurs. Mister Gaou les a aussi expérimentés et c’est vraiment une perte de temps. Ce sont des agences (souvent bilingues)  qui vont vous faire venir dans leurs locaux pour  compléter leur collection de profils bilingues vous rajouter à leurs bases de données avant de vous raccompagner en vous lançant le désormais  célèbre Amazing doublé d’un we will touch base with you  (on vous rappellera); le tout est servi avec un sourire et un ton tellement faux que même l’hypocrisie en a honte. En dehors des agences de placement, il y a une méthode infaillible pour trouver un emploi à Toronto. Il s’agit du réseautage. En France on l’appelle le piston, il n’est pas spécialement bien vu et on le fait discrètement, rares sont ceux qui vont  se vanter d’avoir décroché un emploi grâce à une connaissance;  à Toronto on dit networking (ça fait tout de suite plus classe) et on ne s’en cache pas. J’ai un collègue qui a été recruté sur référence  et son responsable était très heureux de nous annoncer que cet amazing personne avait été référée et qu’elle était géniale! Ils ont fini par le virer. Eh oui le réseautage permet de décrocher un entretien, un emploi mais ne garantit nullement la sécurité de l’emploi.  Certaines entreprises paient leurs salariés  entre  750 et 3000$ (oui vous avez bien lu) s’ils référent une personne et qu’elle décroche le poste. En tant que nouvel arrivant , le réseau est très limité voire inexistant.  À vous de le créer et de le faire grandir. On peut reseauter un peu partout. Il n’y a pas vraiment de règles établies.  N’hésitez pas à parler autour de vous, à aller aux 5 à 7 et autres soirées réseautages, contactez les entreprises de votre domaine. Les gens sont vraiment très ouverts et vous répondront toujours. Une recruteuse qui n’avait rien pour moi a quand même accepté  de me conseiller (gratuitement) sur mon CV.  Vos efforts  n’aboutiront peut-être pas tout de suite à une proposition d’emploi mais c’est un bon moyen de garnir votre carnet d’adresse. Le réseautage est un travail de longue haleine qui, comme tout labeur digne de ce nom demande un minimum de rigueur.

Ne négligez pas  les réseaux professionnels comme linkedin. Je suis inscrite depuis quelques mois seulement et j’ai déjà été contactée 3 fois par des recruteurs pour  du travail. Ne sous estimez pas l’importance de cet outil. À chaque entretien passé, j’ai rajouté le recruteur à mon réseau linkedin. Mon profil ne l’intéresse pas aujourd’hui mais ça ne veut pas dire que dans quelques temps avec un peu plus d’expérience, je ne pourrais pas retenter ma chance dans son entreprise. Ça n’a pas trop de sens à mes yeux de rajouter Tatie Gertrude à son linkedin. C’est un réseau professionnel  et il faut l’utiliser en tant que tel. Soignez votre profil mettez le à jour constamment.

Je voudrais  aussi aborder sur ce billet  le bilinguisme.  Sachez que le Canadien qui dit bilingue pense Français-Anglais. Il vous dira que le fait de parler Espagnol est…  amazing (oui ils n’ont que ce mot à la bouche) et puis c’est tout. On lit partout qu’être bilingue c’est un énorme atout à Toronto et qu’il y a du travail en masse pour les bilingues. Cette allégation n’est pas tout à fait fausse mais j’aimerais la nuancer un peu. Oui il y a de l’emploi pour les bilingues mais ce sont souvent des jobs de service clientèle ou de centres d’appels donc peu intéressants pour quelqu’un dont ce n’est pas le domaine . Pour un poste à responsabilité, le français ne sera absolument pas demandé. Tous ceux qui ont des postes de direction dans mon entreprise ne parlent pas un mot de Français. J’ai rencontré des managers de centres d’appels bilingues sensés faire des écoutes et évaluer leurs équipes qui ne parlaient pas un mot de Français. Ils sont arrivés au prix d’un effort et d’une concentration démesurés  à me sortir un « che pawle un touwe potchi po Fancéé!  (comprenez: je parle un tout petit peu Français) suivi d’un silence gêné et criant quand j’ai engagé la conversation dans la langue de Molière .  Ces derniers notent uniquement les appels en anglais de leurs employés.  Pour les emplois bilingues , on va préférer un anglophone qui massacre parle à peu près correctement le français à un nouvel arrivant sans expérience Canadienne avec  un niveau moyen en anglais.  En résumé le Français est un atout  à Toronto uniquement lorsqu’on maitrise un minimum l’anglais. Nous sommes dans une ville anglophone ne l’oubliez pas .

Je vous suggère aussi de vous  inscrire avant votre départ sur des sites comme Indeed.ca  afin de recevoir les offres d’emploi de votre domaine par courriel /email . Cela vous permettra de vous familiariser avec les exigences des employeurs Canadiens.

La recherche d’emploi à Toronto avec ou sans expérience canadienne n’est pas évidente , il ne faut pas croire le numéro spécial Canada des magazines qui décrivent cette ville comme un bassin économique dans lequel les emplois faciles sont légions. C’est difficile comme partout et il faut souvent recommencer à zéro quand on est immigrant.
Une dernière petite précision pour mes amis issus des minorités visibles (Dieu que cette expression est moche),  les recruteurs que j’ai rencontrés  jusqu’ici n’en avait rien, mais alors rien à faire  de mon teint un peu trop ébène. Je sais que ça peut faire sourire mais en France j’ai déjà eu affaire à des recruteurs gênés d’avoir été bernés par mon nom et mon prénom qui (la faute à mon père) ne sonnent absolument pas comme un patronyme d’Africaine bien au contraire. Les pauvres avaient du faire appel à leurs talents d’improvisation pour m’expliquer pourquoi je ne passerais pas l’entretien. Certains ont quand même eu le courage (et la décence)  de m’avouer que le fait de ne pas être couleur locale posait problème à leurs clients (ils ont bon dos)  avant de s’excuser de m’avoir fait déplacer pour rien. Tout ce cinéma dans un pays qui a des citoyens noirs depuis des siècles! Shame . 

Si vous avez des questions , n’hésitez pas a venir les poser sous l’arbre à palabre! Si je peux y répondre, je le ferais avec plaisir.

Rendez-vous sur Hellocoton !



Catégories :Les Gaous au Canada

Tags:, , , , , , , ,

12 réponses

  1. « Touch Base » m’horripile… ça et le « greenlighting ». On utilise de plus en plus d’américanismes en Irlande (ok, il y a quand même beaucoup de compagnies US) mais je déteste quand c’est utilisé hors bureau. Yuk. Et sinon moui. Networking ici aussi…

  2. LOL je ne connaissais pas le « greenlighting ». c’est pas mal ! oui le « Touch Base » est assez insupportable. La première fois que je l’ai entendu j’ai fait Han? J’avoue ce n’est
    pas classe mais c’est sorti tout seul 😀

  3. Ça marche aussi beaucoup ici, le networking. On en fait même entre expat, pour caser de vagues connaissances qui veulent quitter la France.

    • J’aime beaucoup le terme vagues connaissances. LOL. En fait ce qui m’a vraiment surpris ici c’est que le networking est assumé et bien vu. Au Togo ou au Sénégal on en fait tout le monde le sait mais on va pas aller le crier sur les toits, En France on en aurait presque honte. Ici non c’est tout à fait normal. On en parle sans complexes…

  4. Pareil ici c’est même considérer comme une qualité profesionnelle, de savoir faire jouer utilement son network

  5. Hyper interessant! Je suis au courant de la manière de fonctionner au Canada et à Toronto vu que c’est ma destination. Mon anglais est nul(issime!!) C’est bon d’avoir un retour de quelqu’un qui est sur place. Je commence à approcher les réseaux sociaux. J’ai pris contact avec des gens pour des questions et à ma grande surprise ils répondent il y en a meme qui me donnent leur téléphone en cas de questions.. c’est pas ici qu’on voit a

    • Merci Vanoush. C’est mieux d’être préparé avant d’arriver. Ça evite les mauvaises surprises.La recherche d’emploi n’est pas plus facile à Toronto contrairement à ce qu’on peut lire. Le tout c’est d’être prêt ; ) n’hésites pas à parler du blog autour de toi 🙂

    • tu devrais commencer prendre des cours d’anglais et arriver ici a toronto avec un niveau minimum d’anglais « intermediaire » car c’est très difficile si tu ne connais pas la langue.

  6.  » il ne faut pas croire le numéro spécial Canada des magazines qui décrivent cette ville comme un bassin économique dans lequel les emplois faciles sont légions.  »

    OUIIIIIII. Ahlala… Et encore, tu verrais encore le nombre de personnes qui vantent cette ville, ça me tue ! C’est HYPER dur sans dec de trouver un bon boulot et même un boulot tout court. Pour te dire, ça a tellement dégouté le mari son job pendant 3 ans qu’il ne veut plus entendre parler de Toronto… Entre nous, je pense que trouver à Montréal est plus facile quand on est franco. Et peut-être plus facile tout court parce que les québécois sont moins relous à embaucher que les torontois. (Même pas moi qui le dit mais une manager québécoise qui avait un anglais parfait et n’avait trouvé que dans une boite franco à Toronto !) Elle est retournée à Montréal 12 mois plus tard et je ne sais pas du tout ce qu’elle est devenue. (Profil Linkedin pas à jour donc elle bosse pas j’imagine…)

    En comparaison, j’ai beaucoup plus de copains qui ont trouvé facilement au Québec qu’à Toronto. Et encore, de mon côté pas eu de soucis mais je suis bilingue avec beaucoup d’expérience dans ma branche… Pour un pvtiste qui arrive ici avec un mauvais anglais c’est mission impossible…

    @Vanoush Je ne te conseille pas d’aller à Toronto si tu n’as pas un très bon anglais. Tu vas te casser les dents… Surtout que la vie est horriblement chère !
    Vise plutôt Ottawa, Montréal ou Québec… Je comprends que tu souhaites apprendre l’anglais dans une province anglophone mais ça risque de te prendre beaucoup de temps et un emploi derrière n’est pas garanti…

    • Toronto ou Montréal je pense qu’il faut être conscient des difficultés. C’est vraiment plus facile à dire qu’à faire de partir à 0. En plus je trouve que le Canada est tellement survendu que beaucoup viennent en pensant faire fortune. Je pense qu’il est bon de nuancer un peu le discours rose bonbon / bisounours 🙂

  7. Décidément j’adore vraiment votre blog. Pourquoi? Parce que vous parlez vrai et c’est rare. Je vais débarquer à Toronto dans quelques mois, je prend déjà les devant concernant linkedin et compagnie. Je me conditionne vraiment pour ne pas tomber de haut en débarquant au Canada et ca me fait du bien de lire ce type de discours.
    Pour avoir aussi fréquenter les forums parisiens type Destination Canada mon dieu que le discours sonne faux et je ne parle même pas du forum sur le Québec où ils vendent tellement bien leur province que 90% des gens doivent prendre une claque à l’arrivée.
    Je travaille dans un secteur en France où j’ai obtenu tout mes postes par réseautage sans jamais candidater de manière officielle donc ça ne me choque pas mais il est vrai que de manière générale ça ne fait pas partie de nos habitudes en France.
    Je continue de lire avec assiduité vos posts. Ne changez rien 😉

%d blogueurs aiment cette page :